2018
La construction d’une structure biologique n’est pas une création, c’est une révélation,
disait Jacques Monod. Ma démarche s’inspire de ce processus de révélation de la matière, ici picturale. Pour cela, je mets la peinture en mouvement, je la fluidifie, la mélange et l’étale, afin d’en révéler le comportement, proche de celui des tissus organiques. On assiste alors à la croissance, au développement et aux gesticulations d’un embryon chimérique fait de peinture visqueuse, aux caractéristiques proches de celles du monde vivant.
L’évolution de la biosphère ne cesse de repousser les limites de la réalité, donnant à de nouvelles formes abstraites ou inconnues une existence bien réelle. Mes tableaux sont le prolongement de cette logique par laquelle de nouvelles structures apparaissent (processus d’apparition que j’ai étudié au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris ; compte rendu de recherche consultable ici). Le hasard, si indispensable dans l’évolution de la vie, est ici matérialisé par le hasard des mouvements de l’acrylique liquide. De ce hasard ressort d’infimes variations, qui s’ajoutent à un programme (génétique, ou gestuel) commun.
Les avancées récentes des sciences du développement fournissent justement leur lot d’images étranges, de formes nouvelles et d’embryons qui nous paraissent abstraits malgré leur existence bien réelle. Le spectateur est alors plongé dans une réalité insoupçonnée.
Je souhaite que ma peinture développe, par la forme abstraite, une représentation de la biosphère, et en particulier de ses formes en perpétuelle diversifications. En faisant appel à l’imaginaire, mon travail supporte la cause environnementale d’une façon nouvelle. Parce que l’art abstrait peut lui aussi être engagé, ces œuvres sont faites pour sensibiliser le public à la fragilité de la biodiversité et à la nécessité de sa protection.